lay lady lay de dylan
Je me suis surpris ce matin à chercher son odeur, évaporée. Je me suis habillé, et sans me retourner j'ai quitté ce gîte, cet asile. Lorsque j'ai tourné la tête vers le ciel, je n'ai vu que le bleu de ses yeux, voilé par le gris argenté de mes souvenirs égarés. J'ai cherché à me rappeler les courbes de son corps, mais la seule vue de ces bâtiments, rigides et froids, a effacé ses formes d'un seul trait. J'ai rejoins des amis, nos amis. Mais je n'entendais dans leurs rires que l'amère réminiscence d'un passé dépassé. Je les ai donc quitté et cela pour la dernière fois. "Cette mascarade a assez duré" me dis-je alors. Mais je n'en dupais plus un. Elle me manquait certainement mais mon orgueil me poussait à la renier, c'était la force et la faiblesse de mon caractère. J'ai donc déambulé dans cette ville toute une journée durant, sans but avoué. Je crus la voir mille fois mais aucune ne l'égalait. J'allais dans nos lieus coutumiers, et la stérilité inhabituelle de ceux-ci me frappait. Ils avaient perdus, eux aussi, la lumière qui d'antan les ravivaient, ou bien était-ce seulement moi. Je fixais le sol, et la seule chose que j'y percevais n'était que le fantôme de ses pas, l'ombre de mon bonheur. Partout où mon regard s'est posé, je l'ai vue, et pourtant elle n'était nulle part. J'ai alors décidé d'achever ma soirée, et mon espoir, dans un bar. Mais l'amer goût de l'alcool ne suffît pas à éteindre la flamme qui brûlait et j'entrepris de m'échapper de cette sombre condition.
La nuit ne m'a pas offert de meilleur réconfort que le jour, et, alors que le soleil m'offrit à voir des multitudes de copie de mes souvenirs, la lune, en me retirant la vue, me donna à imaginer autant de situations utopiques.
Le coeur rempli de mélancolie, et las de ces chimères, je suis rentré. J'ai soudain réalisé, en m'asseyant seul dans ce canapé, ce tête-à-tête, tout l'ennui de ma situation : mon coeur est borgne, et jamais plus il ne comblera le vide qu'elle a laissé.